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02/06/2023

Scénario Casus Belli : Casus Belli N°26

 




Casus Belli N° 26
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L’occasion rêvée
Dans le précédent numéro nous en étions restés au moment où, l’escadre de Malte fonçait à 30 nœuds, droit sur un sous-marin italien. La formation de route suivie par les Britanniques permet au commandant italien de se placer dans une position extrêmement favorable qui va lui permettre de torpiller simultanément les trois croiseurs anglais.
L’ennemi se rapproche rapidement, le commandant italien a pris sa décision. il sait, lui, par les messages de son Amirauté que son opérateur radio a décodé, qu’une escadre italienne suit actuellement le même cap et la même route que les Anglais. Il calcule que s’il arrive, ne serait-ce qu’à ralentir l’allure des 3 croiseurs, cela pourrait être pour la marine italienne la revanche tant souhaitée depuis les désastres de Tarente et Matapan. Mais il y a ces 4 destroyers, par bonheur un peu en retrait. Il réfléchit : s’il tire de trop loin, l’ennemi a de fortes chances, à 30 nœuds, d’éviter la plupart des torpilles, s’il lance de près il est quasiment perdu. Sa décision est prise : un sous-marin pour 2, peut-être 3 croiseurs, cela ne se discute pas, ne peut pas se discuter. Et puis, il est temps de montrer à ces sous-mariniers allemands que les Italiens, eux aussi, savent se battre sur mer avec efficacité.
A 13 h 30, la formation anglaise, ne se doutant de rien, file toujours ses 32 nœuds suivant le même cap : droit sur le sous-marin. Le commandant Italien les laisse approcher. 800, 700, 600 mètres. A 500 mètres, 3 torpilles partent vers le croiseur léger de tribord (l’Achilles). Fuoco, le commandant vient de lancer 3 autres « siluris » (torpilles) en direction du Charybdis, suivies de 2 autres fonçant à 30 nœuds à la rencontre du Manchester.

Voici le schéma de la formation britannique au moment où elle est attaquée par le sous-marin




A = croiseur léger Achilles
M = croiseur Manchester
C = croiseur AA Charybdis
S = sous-marin

Le festival des torpilles
Lancées de très près, sous un angle favorable, les 3 torpilles parties sur l’Achilles ont toutes atteint leur but; coupé en deux, le croiseur coule immédiatement. Le Charybdis qui se trouvait à environ 1350 mètres du sous-marin n’a pu éviter qu’une torpille, les deux autres ont touché. La coque éventrée, le croiseur AA en feu est la proie des explosions, il s’incline sur bâbord et chavire lentement. A bord du Manchester, le plus éloigné, (1500 mètres environ) on a tout de suite compris, un brusque changement de cap a permis d’éviter la première torpille, mais pas la deuxième qui a atteint le bâtiment à l’arrière. Durement touché (21 points de dégâts) le navire anglais lutte pour sa survie. Sa vitesse est tombée à 8 nœuds. Le commandant ordonne de noyer les soutes arrières, il pense que son bâtiment peut encore être sauvé.

Une victoire à la Pyrrus
L’Achilles et le Manchester touchés à tribord, le Charybdis à bâbord, les commandants des destroyers ont tout de suite situé la position approximative de l’ennemi. Réduisant leur vitesse à 14 nœuds, les 4 destroyers se mettent aussitôt en recherche Asdic. Le contact est vite établi, la fréquence de renvoi du signal est très rapide, l’adversaire n’est pas loin. Arrivés sur la position présumée de leur objectif les 4 destroyers commencent à lancer leurs grenades anti-sous-marines. Les patterns (chapelets) succèdent aux patterns. La mer déchirée par des dizaines d’explosions ressemble à un volcan en éruption. Soudain, les veilleurs à bord des destroyers, signalent l’apparition de nombreuses épaves flottantes. Le grenadage est interrompu. Les destroyers stoppent aussitôt, les équipages voient alors avec une certaine satisfaction une grande tache d’huile qui s’étend de plus en plus: le sous-marin italien n’a pas survécu à sa victoire. La coque éventrée par l’explosion des charges de profondeur, il a coulé entrainant avec lui le commandant et 55 hommes d’équipage.

Un retour impossible
Pendant ce temps, les incendies maitrisés, le Manchester a repris sa route mais à 8 nœuds seulement. Encadré par les 4 destroyers il pense pouvoir rallier Alexandrie. Cependant l’escadre de Messine poursuivant sa route se rapprochait inexorablement du navire blessé. A 15 h les vigies italiennes repèrent sur leur avant bâbord un groupe de navires. Les navires italiens gagnent rapidement sur les Anglais. La distance diminue. Flairant un piège l’amiral italien divise son escadre en deux parties égales prenant les bâtiments britanniques dans un étau. A 15000 m les croiseurs italiens ouvrent le feu. La riposte anglaise est faible. Des salves italiennes touchent le croiseur anglais qui, soudain, s’embrase explose et coule rapidement. Les 4 destroyers britanniques fuient à 36 nœuds. C’est en repêchant les marins anglais que l’amiral italien connut la vérité et l’Italie toute entière l’exploit du commandant de sous-marin qui, à lui seul, avait permis la destruction de l’escadre légère de Malte.

Les Anglais reprennent l’initiative
Pendant ce temps l’Amirauté britannique ne restait pas inactive. Peu après l’attaque de l’escadre qui protégeait le Formidable, un groupe naval comprenant 4 croiseurs (Ajax, Perth, Hermione, Cairo) et 8 destroyers (4 Kelly et 4 Glowworn) fonçait cap au Nord-Ouest à 32 nœuds vers un petit port du Sud de la Crète : Sfakia. Elle devait y arriver aux environs de 17 heures.
La flotte partie d’Alexandrie à 3 h du matin éclatait en 3 groupes: une force navale comprenant les croiseurs Sheffield, Newcastle, Fidji, Jamaica et 4 destroyers type Glowworn se dirigeait vers Mycènes. Elle devait effectuer un bombardement de l’aérodrome vers 20 heures.
Deux croiseurs (Arethusa et Calcutta) et 5 destroyers type Cossak filaient à 29 nœuds vers un autre port du Sud de la Crête : Mélambes. Ils devaient l’atteindre vers 18 h 30 pour embarquer des troupes.
La 3° partie de l’escadre, la plus importante, comprenait les cuirassés Barham et Valiant, les croiseurs Sydney et Dido ainsi que 3 destroyers type Vampire. L’objectif était de bombarder les installations aéronavales de Scarpento afin de rendre inutilisables l’aérodrome et la base d’hydravions. A 16 h 30 le bombardement naval devait commencer.
Enfin un groupe de soutien formé du cuirassé Queen Elisabeth, du croiseur Southampton et de 4 destroyers type Hardy suivait à 25 nœuds les croiseurs qui devaient embarquer les troupes à Sfakia. Les Anglais prévoyaient qu’ils auraient vraisemblablement à faire face aux forces aériennes allemandes aussi avaient-ils organisé 2 raids aériens devant détourner l’attention des Germano-italiens.

Diversion dans les airs
A 13 h une force aérienne comprenant 6 Beaufighters, 6 Bristol Beauforts et 10 Blenheims s’envolait de l’aérodrome de Fouka, objectif : bombarder Eleusis en plein cœur du dispositif aérien allemand. Cependant qu’à la même heure 1 Albacore et 3 Sunderlands mettaient le cap vers Molaoi. Les Gladiators, Hurricanes et Fulmars assuraient la protection par roulement de l’escorte du Formidable (qui regagnait péniblement Alexandrie à 8 nœuds); ainsi que des aérodromes de Marsa-Mathrou et de Fouka, vitaux pour les Britanniques maintenant que leur porte-avions était devenu incapable d’assurer sa mission. Il faut d’ailleurs signaler que son pont d’envol endommagé bloquait à l’intérieur des hangars : 6 Swordfishs et 8 Albacores dont les Anglais auraient bien aimé se servir en ce moment. Le raid sur Eleusis était programmé pour 15 h 10. Celui sur Molaoi aux environs de 16 heures.

Les Germano-Italiens ont des problèmes
En effet, leurs bases de Scarpento, Argos et Molaoi sévèrement endommagées empêchaient les Allemands de déployer leur aviation et, surtout, les obligeaient à concentrer un maximum d’appareils sur les autres aérodromes ce qui n’allait pas sans risque. Aussi avaient-ils envoyé 4 ME-110 et 27 DO-17 à Derna. Ceci pour permettre l’arrivée de 12 Z-506 et de 12 MC-200 sur la base de Tatoi. Pendant que 6 Z-501 rejoignaient Mycènes.
Le plan des Anglais était bon puisqu’il consistait à maintenir la pression avant la nuit sur les aérodromes précédemment endommagés et même d’attaquer de nouvelles bases (Mycènes).

L’opération tiroir
Cependant qu’avaient lieu ces préparatifs, les Britanniques évacuaient 3000 hommes de la ligne de front et les dirigeaient vers les ports d’embarquement de Sfakia et Mélambes. De ces troupes, 1000 provenaient de Rethimo et 2000 de la région de La Canée. Ceci laissait toujours les Anglais en position de force devant les effectifs allemands assez réduits qui leur faisaient face.

L’alerte est donnée
A 15 h 10, comme prévu, une vague de bombardiers britanniques surgit soudain dans le ciel grec ; venant de la mer, ils n’ont pas été détectés. Ils foncent droit sur la base d’Eleusis. Mais où sont les chasseurs allemands ? Les 6 ME-110 et les 6 FW-189 basés ordinairement à Eleusis servent en ce moment de protection au convoi de péniches qui fait route vers l’île de Crète. 12 ME-109 sont encours de ravitaillement sur la base de Tatoi. 6 RE-2000 et 6 ME-109 couvrent Mycènes. Seuls 4 RE-2000 et 5 ME-109 sont en vol dans le secteur, couvrant le ravitaillement des 12 ME-109 de Tatoi. Ce sont ces 9 appareils qui tentent de s’opposer courageusement aux bombardiers britanniques. Mais ils arrivent trop tard pour empêcher le bombardement de l’aérodrome. Sur les 17 JU-88, les 9 HE-III et l’arado 196 qui se trouvaient au sol, seuls 10 JU-88 ont pu décoller en catastrophe. Et c’est la répétition de l’opération « Scarpento ». Le terrain encaisse 15.5 points de dégâts, la DCA 2 mais, ce qui est plus grave, il y a 10 appareils détruits au sol. 5 HE-111,1 Arado et 4 JU-88. Poursuivis par les chasseurs germano-italiens, les bombardiers anglais, bientôt rejoints, sont attaqués par 5 ME-109 et 4 RE-2000 auxquels les Allemands ajoutent les 10 JU-88 qui ont réussi à décoller.

Le premier combat donne comme perte de part et d’autre :
1 RE-2000 + 1 ME-109 + 6 JU-88 chez les Germano-Italiens
1 Beaufort + 3 Blenheims chez les Britanniques
Il reste pour le 2ème combat :
Côté Anglais : 6 Beaufighters + 5 Beauforts + 7 Blenheims
Camps allemand : 4 ME-109 + 3 RE-2000 et 4 JU-88
Se jugeant par trop en infériorité numérique les Germano-Italiens rompent le combat.
A 15 h 30, un Arado-196 retour de mission repère en mer à une cinquantaine de Km de Scarpento une escadre anglaise comprenant 2 cuirassés, 2 croiseurs et 3 destroyers, cap droit sur l’île, vitesse 25 nœuds. Signal radio bien reçu, les Allemands font décoller à 16 h :
18 JU-87 de Mycènes
5 JU-87 de Scarpento
7 JU-88 d’Eleusis
4 SM-79 de Tatoi + 12 JU-87
Les instructions reçues par les chefs d’escadrille sont les suivantes :
- A 17 h une première attaque en piqué sera effectuée par 23 JU-87 (Mycènes + Scarpento) auxquels se joindront les 7 JU-88 d’Eleusis.
- A 17 h 30 aura lieu une seconde attaque avec 4 SM-79 + 12 JU-87 (ceux de Tatoi obligés d’atterrir à Mycènes pour se ravitailler en carburant). Les Allemands commencent à avoir des problèmes de logistique. Ces 16 appareils devront en priorité attaquer les unités navales endommagées lors du raid précédent.

Un ouragan de feu
A 16h30, comme prévu, l’escadre lourde britannique se présente devant l’île de Scarpento. Les 2 cuirassés catapultent leurs Walrus pour régler le tir. Deux appareils survolent l’objectif (aérodrome) pendant que les 4 autres surveillent le ciel aux quatre points cardinaux. A 16h35 les pièces lourdes britanniques ouvrent le feu, à 15000 m.
Aussitôt un ouragan de fer et de feu s’abat sur l’aérodrome. A chaque salve, 16 obus de 381 pesant chacun une tonne partent en sifflant vers leur cible. A 17 h il ne reste pratiquement plus rien. Tout est bouleversé, anéanti. 188 points de dégâts sont signalés au parti germano-italien. Ici les stukas ne se poseront plus et de longtemps !

La vengeance tombe du ciel
A 17 h 05, le Walrus qui surveille les approches de l’île dans le secteur Nord signale l’arrivée d’une formation aérienne importante. Aussitôt les Anglais adoptent le dispositif anti-aérien prévu. Depuis déjà un bon moment les pilotes allemands n’ont plus besoin de compas pour guider leur vol. Depuis des kilomètres ils voient monter dans le ciel la fumée des incendies provoqués par le bombardement naval. Et c’est avec une froide détermination que, les dents serrées, ils piquent l’un après l’autre sur leur objectif. Eh oui, un seul objectif, le plus gros, le plus beau : le Valiant. Dans le hurlement des sirènes, ils foncent à travers le mur de feu de la DCA, lâchent leur cargaison mortelle et remontent le plus vite possible tachant de sauver leur peau après avoir distribué la mort. 23 JU-87 et 7 JU-88, cela représente pas mal de bombes lâchées sur une unique cible. Impossible de le manquer. Un taille 1 à 25 nœuds cela représente en piqué une chance sur deux de toucher ! (50 %). Et le Valiant encaisse, il encaisse même beaucoup, l’addition est salée : à la mesure de la note à régler !
L’arbitre annonce aux Anglais « 35, 25 points de dégâts » et à tous : « appareils abattus : 3 JU88 et 5 JU87 ».
La vitesse du Valiant est tombée à 12 nœuds. Il est 17 h 15 l’escadre anglaise met cap au sud, mission remplie.
Pendant ce temps Molaoi a subi un bombardement aérien, 1 Albacore et trois Sunderlands ont causé 5,75 points de dégâts à la base. Ils sont interceptés sur le retour par 6 ME -109. Résultat du combat : 1 Sunderland abattu.

Sur mer
Pendant que se déroulaient ces événements qui avaient pour but d’empêcher l’intervention des stukas au Sud de l’île de Crète en les obligeant à intervenir sur la flotte et en neutralisant les aérodromes les plus rapprochés; en mer, il y avait du nouveau.
Le convoi de péniches parti du Pirée se trouvait maintenant protégé par l’escadre de Tarente avec laquelle il avait fait la jonction. Mais les Italiens avaient détaché les 3 croiseurs légers (Montecucolli, Attendolo et E. Di Savoia) qui, accompagnés de 3 destroyers, contournaient à 15 h la pointe Sud-Ouest de l’île de Crête à 30 nœuds, dispositif en file, 2 destroyers devant, 1 en serre-file. Distance entre les navires 3000 mètres, ce qui les mettait à l’abri d’un torpillage simultané (voir la fin des croiseurs légers de Malte).
A partir de 16 h 30 ce groupe naval croise devant Sfakia, ayant pris contact avec le sous-marin qui, depuis la nuit monte la garde devant ce port, les Italiens ayant prévu depuis le début du jeu que les Anglais rembarqueraient dans le secteur.
Aux environs de 17 heures, les vigies italiennes signalent l’arrivée de navires de guerre venant du Sud.
Que va-t-il se passer ? L’escadre de Messine se trouve à environ 3 heures de route dans l’Ouest, celle de Naples est bien trop au Nord pour pouvoir intervenir.
Que va faire le commandement germano-italien ?
Les Anglais vont-ils pouvoir rembarquer ?
La suite dans le prochain numéro de Casus Belli.

Jean Ricard


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