Casus Belli N° 24
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Dès la parution de « Spécial Crète Mai 41 » diffusé par Hexalor et monté par l'excellente équipe du Journal du Stratège, nous avions décidé à Toulon de le jouer pour les vacances de Noël. Deux équipes ont été constituées et votre serviteur a tout naturellement été réquisitionné pour assurer l'arbitrage.
C'est cette partie que je vais vous décrire et, en même temps, commenter.
Serge assurait le commandement des forces germano-italiennes tandis que Michel et Stéphane se répartissaient la tâche dans le camp britannique.
D'entrée de jeu, les deux camps demandaient que la partie commence le 27 Mai 1941 non pas à 6 heures mais à 0 h (minuit). Demande acceptée car le départ du jeu à 6 heures défavorise beaucoup le camp anglais. De plus l'arbitre revalorisait les points affectés à l'aéroport de Malte, 40 points au lieu des 12 attribués dans le livret de jeu. En effet, la base aérienne de Malte a été constituée dès le mois d'août 1940 par la réunion de 3 aérodromes reliés entre eux par des pistes de roulement de plusieurs kms de long, qui ont permis à l'aviation de l’ile de pouvoir utiliser les pistes d'envol môme au moment des bombardements les plus durs effectués par les avions germano-italiens. La liste des avions basés à Malte à cette époque démontre la capacité de la base à assurer la maintenance d'au moins 80 appareils.
En décembre 1940 il y avait déjà sur l'île :
Nous avons reproduit sur du papier de couturière la carte fournie dans le jeu, mais une chose nous a étonné, c'est l'absence des bases aériennes africaines. Nous avons donc positionné pour le camp italien les aérodromes de : Tripoli (40 points) - Benghazi (24 points) – Dema (24 points) et du côté des Britanniques : Fouka (24 points) et Marsa-Mathrouh (24 points). Les Anglais en avaient bien besoin car pendant les réunions préparatoires d'État-major la distance Alexandrie-Crête avait provoqué de réels maux de tête à Stéphane et Michel, compte tenu du rayon d'action de leurs appareils.
Les mines
Les contre-torpilleurs italiens type Da Mosto et Alpino emportant des mines, nous avons indiqué aux joueurs la règle suivante :
Les deux camps remettant à l'arbitre la position à la mer de leurs sous-marins : il est minuit.
Les sous-marins britanniques sont positionnés de la pointe Sud-Ouest de la Grèce (Cap Matapan) au Sud-Ouest de l'ile de Crète, en barrage contre un éventuel passage des escadres italiennes. Deux sont en embuscade au large (trop au large !) du port de Tarente. Un dernier surveille au plus près le détroit de Messine.
Les Italiens ont adopté un dispositif plus resserré : 2 submersibles au Nord de Malte. 3 placés devant les ports Sud de la Crète (Sfakia et Melambes). 1 en embuscade entre Malte et la Crète (on verra par la suite que l'idée est bonne).
1e phase : L'arbitre déclenche un mouvement de 3 heures (de 0 à 3 heures)
Le commandement italien fait immédiatement prendre la mer à l'escadre 1égère de Messine : 3 croiseurs lourds + 4 croiseurs légers + 5 destroyers type Da Mosto) partent à 25 nœuds en longeant la côte sicilienne, cap au sud, objectif Malte pour un bombardement éventuel des aérodromes. Les 3 destroyers type Leone patrouillant le détroit de Messine en recherche anti-sous-marine. A minuit appareille également la flotte de Tarente au grand complet (2 cuirassés, 1 croiseur lourd, 3 croiseurs 1égers.7 destroyers). vitesse 25 nœuds, cap au Sud-Est, mission couverture des troupes devant débarquer en Crète. A Naples, la flotte est mise en état d'alerte. L'appareillage étant prévu pour 3 heures du matin.
Pendant ce temps que faisaient les Anglais ?
A minuit, toutes les unités en état d'alerte prennent la mer. Il y a là une armada impressionnante qui silencieusement défile dans la nuit : 2 cuirassés, le porte-avion Formidable, la moitié des croiseurs et des destroyers ancrés dans la rade prennent le large, direction plein Ouest en suivant la côte africaine.
Mais toute cette armada s'alignant sur la vitesse du Warspite ne file qu'à 22 nœuds. C'est là une faute importante commise par les Anglais, car ils n'ont pas un nœud à perdre s'ils veulent pouvoir dès le lever du jour, assurer à la fois la couverture de l'embarquement des troupes et du matériel par l'aviation embarquée et pouvoir récupérer les avions basés à Malte. Tout le reste de l'escadre est immédiatement mis en état d'alerte.
Sur l'aéroport d'Alexandrie les bombardiers sont équipés de bombes de 250 kg. Ils doivent effectuer au jour une mission en coopération avec l'aviation embarquée.
2e Phase : l'arbitre annonce un mouvement de 3 heures (3 à 6 heures).
Durant cette période rien d'important n'a lieu, sur mer. L'escadre italienne de Naples appareille en direction du détroit de Messine et la 2ème flotte d'Alexandrie prend la mer en direction du Nord-Ouest à 23 nœuds ! (Toujours le handicap des vieux cuirassés). Le Barham fait ce qu'il peut... mais il peut peu. A 3 heures, l'escadre légère de Malte a pris la mer, cap au Nord-Est à 32 nœuds (intuition ou réalisme soudain mais un peu tardif de l'Amirauté ?)
Les responsables de l'aviation des deux camps remettent à l'arbitre le détail des mouvements aériens en cours. Et croyez-moi, cette nuit-là il y a vraiment du monde dans les airs !
3e Phase : au lever du jour l'arbitre décide un mouvement d'une heure compte tenu des actions aériennes en cours de déroulement.
Malte
Aux environs de 6 heures le contrôleur aérien de Malte signale des échos sur l'écran du radar annonçant l'approche de deux formations aériennes.
Une vient du Nord (environ 40 appareils), l'autre du Nord-Est, celle-ci moins importante ne comporte que 20 à 25 avions. Simultanément les petits patrouilleurs côtiers envoient un radio précisant qu'ils viennent de repérer de nombreux bâtiments de guerre filant en direction du Nord-Est de l'ile.
L'instant est critique, les Anglais sentent bien qu'ils vont prendre une raclée. Mais le commandement de l'ile décide de faire face. Les 72 Hurricanes décollent immédiatement pour intercepter la formation la moins nombreuse (mais qu'il juge la plus dangereuse). Stéphane et Michel pensent en effet et avec raison, avoir affaire de ce côté, à l'aviation allemande.
Pendant ce temps l'escadrille des 12 Swordfishs torpilleurs prend l'air pour attaquer la force navale repérée près des côtes, afin d'éloigner le danger d'un bombardement possible des terrains d'aviation.
La bataille pour Malte
Il n'a fallu que 5 minutes à nos braves Hurricanes (vitesse ascensionnelle 700 mètres/minute) pour atteindre une altitude leur permettant de dominer leurs adversaires qui eux, volent à 3 000 mètres. Maintenant ils les voient, arrivant dans le soleil, un vol massif serré par escadrille, navigateur en tête. Il y a là 12 Heinkel 111 et 12 JU-88 (les plus dangereux car leur piqué ne pardonne pas). Aussitôt commence la première attaque, fonçant comme des éperviers sur leurs proies, les chasseurs essayent de disloquer la formation ennemie qui répond de toutes ses armes de bord au feu nourri de la chasse britannique.
Pour le premier engagement les pertes sont les suivantes :
Résultat du 2e combat :
Alors que les 7 Hurricanes et le seul Swordfish survivant mettent cap au Sud-Est, les bombardiers germano-italiens se regroupent et effectuent un raid massif sur le terrain d'aviation de Malte.
La formation italienne est composée des appareils suivants :
6 Z-501avec chacun 3 BB de 200 kg
12 Z-506 avec chacun 1 BB de 1 000 kg + 2 de 100 kg
12 MC-200 avec chacun 1 BB de 200 kg
10 CR-42 qui ont laissé tomber leurs BB à la mer au moment du combat entre les Swordfishs.
Les bombardiers allemands :
9 JU-88 avec chacun 4 BB de 500 kg sous les ailes
9 HE-l11 avec chacun 8 BB de 250 kg (en soute)
Le bombardement a eu lieu à basse altitude en vol horizontal. Le livret de jeu donne 29 pièces de DCA (ce qui à mon avis est un chiffre bien faible) mitrailleuses comprises. Le nombre d'appareils étant de 58, la proportion s'établit à 0,5 pièces par avion attaquant. Le % de chance de tir au but se situe à 2,5 %. Aucun appareil n'a été touché par la DCA. A base altitude, les chances de toucher une cible immobile de taille 1 sont de 40 %.
La base aérienne de Malte a donc reçu (ordinateur dixit) :
6 BB de 1000Kg
19 BB de 500 Kg
30 BB de 250 Kg
8 BB de 200 Kg
Serge en joueur chevronné avait comme on dit « mis le paquet », le résultat fut à la mesure des moyens employés !
Points de dégâts (Sans commentaires)
La crête
Laissons les bombardiers regagner leurs bases et voyons un peu ce qui se passait sur la Crète à la même heure.
Ayant décollé de nuit de l'aérodrome de Tatoi, 36 D0-17 escortés par 6 ME-110 d'Eleusis atteignent la baie de La Sude vers 6 h 05 du matin.
N'apercevant aucun navire en rade (ils sont partis vers l'Est) les appareils patrouillent toute l'ile, sauf inexplicablement le secteur d'Heraklion (où cependant sont concentrés les moyens de rembarquement les plus importants). Ne trouvant pas d'objectifs navals, ils effectuent un bombardement d'appui des troupes au sol dans la région de La Sude (ce qui était leur mission secondaire) puis, au lieu de regagner leur base, ils mettent le cap sur l'aérodrome de Dema afin d'éviter un n retour de manivelle, lors des opérations de ravitaillement.
Parallèlement, au lever du soleil, décollant des aérodromes de Mycènes, Scarpento et Molaoi, 48 JU-87 escortés de 7 ME 109 de Molaoi arrivent sur l'ile et se regroupent vers 7 heures.
Cependant les 18 JU-87 de Scarpento sont les premiers à trouver un objectif intéressant. En effet vers 6 h 45 ils aperçoivent en mer un convoi non protégé de 6 navires marchands qui, partis en pleine nuit de la zone de Rethimo essaient de passer la pointe Est de la Crète. Ces navires étaient vides, mais représentaient malgré tout un objectif non négligeable.
Et puis, seuls les Anglais savaient qu'ils étaient vides ! Déjà le premier Stuka, celui du chef d'escadrille, a basculé, suivi des 17 autres. L'un derrière l'autre, toutes sirènes hurlantes, ils piquent sur les navires désarmés à 560 km/heure. Les bâtiments britanniques disparaissent dans la fumée, des gerbes d'écume et de fumée noire jaillissent de la mer. Les navires sont touchés les uns après les aunes. En l0 minutes il ne reste plus à la surface de la mer que des épaves fumantes auxquelles s'accrochent des survivants hébétés. Les bombes de 500 kg ont accompli leur tâche de mort.
Cependant que les 30 Stukas de Mycènes et Molaoi sont employés en soutien des paras de la région de La Sude.
La reconnaissance aérienne
A 7 heures l'État-major germano-italien signale à l'arbitre que :
Les 3 Arrados 196 viennent de décoller de Scarpento et peignent la mer au Sud et au Sud-Ouest de Scarpento suivant des routes détaillées et un horaire indiqué sur les calques bleus millimétrés qui sont remis à l'arbitre.
De plus les forces navales italiennes à la mer sont maintenant précédées d'avions embarqués qui viennent d'être catapultés du pont des cuirassés et croiseurs. Ces appareils sont du type RO 43. De plus Serge signale que les opérations de ravitaillement des JU-87 (Stukas) de Scarpento sont couvertes par des chasseurs venus de Grèce (7 ME-109 + 7 ME-110).
Il a pris cette décision car cet aérodrome doit, dans son esprit, constituer un objectif prioritaire pour les Britanniques. Et la suite va lui donner raison !
Le piège de Scarpento
Pendant ce temps que faisaient les Anglais ?
A part leurs erreurs tactiques et surtout stratégiques dont nous reparlerons, ils avaient concocté un plan bien calculé et qui allait s'avérer payant.
Partis de leur base d'Alexandrie ou ayant décollé de leurs porte-avions, une vague composée de : 10 Fulmars, 10 Albacores, 12 Blenheims, 6 Beauforts, 6 Beaufighters foncent vers Scarpento (eh oui l'ami Serge avait prévu le coup mais ne l'avait pas suffisamment paré !).
Le 1er coup avait été porté par les Germano-ltaliens, le second va être le fait des Anglais.
Sitôt arrivés sur l'ile, les appareils britanniques sont engagés par la chasse allemande mais le combat est par trop inégal... Les chasseurs allemands submergés se sacrifient mais sont vaincus, 6 ME-l10 et 5 ME-l09 sont abattus, les Britanniques perdent 2 Fulmars, 2 Albacores et 2 Blenheims.
Les 3 appareils restant aux Allemands s'abattront en mer, victimes de la panne sèche ; car après le bombardement, la base de Scarpento n'a pu les recueillir. C'est donc un total de l4 chasseurs qu'auront perdu les Allemands. Mais cela n'est pas fini car il y a au sol, en train de se ravitailler 18 Stukas.
Un déluge de bombes de tous calibres s'abat sur l'aérodrome de Scarpento. En tout 54 bombes de 250 kg et 48 bombes de 100 kg dont la plupart atteignent l'objectif. Au sol c'est la désolation, les Stukas en cours de ravitaillement brûlent comme des torches, certains déjà munis de leurs bombes explosent, ajoutant à la panique.
Voici indiqués ci-dessous les résultats du raid aérien fournis par mon micro-ordinateur d'après les programmes que je vous indique dans mes articles.
Les 31 points d'évaluation de l'objectif représentent : 9 points de terrain + 18 points d'avions + 4 points pour la DCA.
Ont atteint l'objectif :
23 BB de 250 Kg
22 BB de 100 Kg
Les impacts de :
23 BB de 250 Kg
22 BB de 100 Kg
ont provoqué 23.65 points de dégâts sur l'objectif.
Evaluation de l'objectif : 31 points
Résultat du raid aérien :
13 avions incendiés sur pistes
0 avion détruit dans les hangars
3 points de dégâts DCA
7,65 points de dégâts sur installations.
A 7 h 50 les bombardiers britanniques regagnent leurs bases. L'affaire a été très chaude pour les Allemands : 14 chasseurs et 13 Stukas perdus.
Cependant Serge n'a pas perdu son sang-froid. Dès le début du combat aérien il avait demandé à ses chefs d'escadrille d'identifier les groupes d'appareils engagés par les Anglais.
Apprenant que des avions embarqués participaient au bombardement de Scarpento, Serge prenait deux décisions :
1°) Il faisait décoller une formation d'attaque composée de 12 RE-2000 et de 6 SM-79 (armés chacun de 2 torpilles de 450).
Les 6 avions torpilleurs partis de Naples à 1 h du matin s'étaient posés sur la base de Tatoi. C'est de là qu'ils prennent l'air avec l'ordre de mettre le cap sur Scarpento, puis de filer plein Sud.
Les 12 RE-2400, partis de Messine s'étaient posés à Eleusis après le départ des 12 HE-111 qui participaient au raid sur Malte. Ces chasseurs escortaient les avions torpilleurs, portant les espoirs de Serge de découvrir rapidement le porte-avions anglais.
2°) La deuxième décision du commandement allemand concernait un des 3 Arrados de reconnaissance qui, partis à 7 heures de Scarpento suivaient leur plan de vol. En effet cet appareil se trouvait en ce moment au Sud de l'ile. Il reçut comme instructions de suivre de loin les appareils ennemis monomoteurs (c'est-à-dire les Fulmars et les Albacores). Les Anglais qui n'étaient pas tranquilles faisant rentrer les Fulmars à 450 Km/heure, il n'était pas question pour l'Arrado 196 de pouvoir les suivre ; par contre les Albacores, eux ne volant qu'à 260 Kms/heure se trouvaient exactement dans les possibilités de poursuite du 196 volant à 300 Kms/heure. 0r les Anglais (surtout le porte-avions) se trouvaient être dans une position beaucoup plus vulnérable que ne l'espérait Serge. En effet, il n'y avait plus sur le porte-avions aucune couverture aérienne. Seuls 6 Swordfishs restaient inemployés dans les hangars. Un oubli qui va couter cher. Il y avait à Alexandrie 24 chasseurs (12 Hurricanes et 12 Gladiators).
En début de partie, l'État-major anglais avait indiqué à l'arbitre que tous ces appareils étaient en train de recevoir des crosses d'appontage dont la base possédait un stock important. C'était évidemment dans l'intention de les envoyer renforcer les effectifs aériens du Formidable.
L'arbitre avait estimé qu'il fallait environ 3 heures pour que ce travail relativement peu important pour un arsenal comme Alexandrie, soit effectué. Et puis, dans le feu de l'action et la joie du succès remporté sur l'ile de Scarpento, les Britanniques ont tout simplement oublié de les faire décoller.
Laissons là, l'aviation, et voyons un peu ce qui se passait ailleurs.
En mer à 8 H
Un sous-marin italien qui rechargeait ses accus en surface emplit soudain le périscope d'un commandant de submersible anglais (en plongée périscopique) qui lui, n'en demandait pas tant ! Ceci se passait au Sud-Ouest de la Crète. 2 torpilles lancées à une distance de tir de 800 mètres réglèrent définitivement le sort des Italiens. Serge se demanda pendant longtemps pourquoi ce sous-marin ne répondait plus aux messages qui lui étaient adressés.
Une décision couteuse
Parallèlement à ces événements l'Amiral britannique prend la décision d'envoyer son porte-avions vers le Nord pour recueillir l'aviation embarquée.
Mais il ne le fait escorter que par deux croiseurs ! Le Suffolk et le Southampton. Ce qui, compte tenu de l'absence de couverture aérienne, présente un danger mortel pour le Formidable. En effet les 10 chasseurs Fairey Fulmar rescapés du raid sur Scarpento représentent un groupe insuffisant pour assurer la protection du porte-avions. Pourquoi ne pas le faire escorter par le croiseur anti-aérien et une meute de destroyers ?
Pourquoi, surtout, ne pas faire décoller d'Alexandrie les Hurricanes et les Gladiators. A 500 Km/heure les 12 Hurricanes seraient vite là ! Cette décision incompréhensible va peser lourd sur la suite des événements.
Embarquement à Heraklion
Dans le port de la capitale de l'ile, les Britanniques profitant d'un répit momentané embarquent troupes et matériel sur 4 cargos. Un cargo de 5 000 tonnes avec 1 000 hommes à bord et 3 cargos de 2 000 tonnes emportant chacun 1 000 tonnes de fret. A 1 heures ce petit convoi a appareillé cap à l'Est, sans protection navale ni couverture aérienne, il est certain qu'il n'ira pas loin.
Combat aérien sur Athènes
A la même heure un Sunderland qui survolait Le Pirée signale par radio que le port est vide de tout bâtiment. Les Anglais comprennent vite que le convoi de péniches allemand a pris la mer en direction de la Crète. Le pilote du Sunderland signale que la chasse allemande vient de l'engager.
En effet une patrouille de ME 109 qui couvrait la base de Tatoi vient d’intervenir. En 3 minutes le Sunderland est descendu par les 3 ME-109 qui l’attaquaient.
Un coup de chance !
Aux environs de 1 h, un Arrado 196 en mission de patrouille distingue soudain 3 longs sillages sur la mer. Descendant à 2000 mètres il reconnait un porte-avion escorté de 2 bâtiments importants. Il avertit aussitôt sa base. Le message est bien reçu (pion de loto : 23) mais les croiseurs sont signalés comme étant « un cuirassé et un croiseur lourd ».
Le loto 23 précise à l'arbitre de surévaluer les forces repérées.
Que va décider le commandement germano-italien ?
Comment les Britanniques vont-ils réagir à ce nouveau coup du sort ?
Vous le saurez en lisant le prochain numéro de Casus-Belli.
Dès la parution de « Spécial Crète Mai 41 » diffusé par Hexalor et monté par l'excellente équipe du Journal du Stratège, nous avions décidé à Toulon de le jouer pour les vacances de Noël. Deux équipes ont été constituées et votre serviteur a tout naturellement été réquisitionné pour assurer l'arbitrage.
C'est cette partie que je vais vous décrire et, en même temps, commenter.
Serge assurait le commandement des forces germano-italiennes tandis que Michel et Stéphane se répartissaient la tâche dans le camp britannique.
D'entrée de jeu, les deux camps demandaient que la partie commence le 27 Mai 1941 non pas à 6 heures mais à 0 h (minuit). Demande acceptée car le départ du jeu à 6 heures défavorise beaucoup le camp anglais. De plus l'arbitre revalorisait les points affectés à l'aéroport de Malte, 40 points au lieu des 12 attribués dans le livret de jeu. En effet, la base aérienne de Malte a été constituée dès le mois d'août 1940 par la réunion de 3 aérodromes reliés entre eux par des pistes de roulement de plusieurs kms de long, qui ont permis à l'aviation de l’ile de pouvoir utiliser les pistes d'envol môme au moment des bombardements les plus durs effectués par les avions germano-italiens. La liste des avions basés à Malte à cette époque démontre la capacité de la base à assurer la maintenance d'au moins 80 appareils.
En décembre 1940 il y avait déjà sur l'île :
- L'escadrille 148 (environ 20 Wellingons de BB de nuit)
- La 830 (12 Swordfishs torpilleurs)
- La 431 (6 à 8 Glenn Martin Recco-photo)
- La 261 (environ 12 Hurricanes)
- Sans compter une vingtaine de Blenheims et Beauforts torpilleurs, 1 Latécoère rallié d'Algérie et les 4 Sunderlands de reconnaissance.
- Dans « Feux du Ciel », Clostermann signale environ 90 appareils sur l'ile et Jean-Jacques Antier dans la « Bataille de Malte », précise que le 12 juin 1942, l'ile abritait 198 chasseurs et 78 bombardiers.
- De plus nous n'avons pas tenu compte de la règle de comptabilisation de dépense de munitions de DCA, car vu le nombre de navires engagés (une centaine) cela aurait terriblement alourdi le jeu.
Nous avons reproduit sur du papier de couturière la carte fournie dans le jeu, mais une chose nous a étonné, c'est l'absence des bases aériennes africaines. Nous avons donc positionné pour le camp italien les aérodromes de : Tripoli (40 points) - Benghazi (24 points) – Dema (24 points) et du côté des Britanniques : Fouka (24 points) et Marsa-Mathrouh (24 points). Les Anglais en avaient bien besoin car pendant les réunions préparatoires d'État-major la distance Alexandrie-Crête avait provoqué de réels maux de tête à Stéphane et Michel, compte tenu du rayon d'action de leurs appareils.
Les mines
Les contre-torpilleurs italiens type Da Mosto et Alpino emportant des mines, nous avons indiqué aux joueurs la règle suivante :
- Emploi des mines : Elles sont chargées sur un navire au rythme de 12 par heure (ceci s'explique par la longueur et le danger de l'opération) c'est à dire une toute les 5 minutes. Lorsque le navire les mouille, elles tombent alternativement bâbord-tribord, une toutes les 10 secondes. La distance les séparant est donc essentiellement fonction de la vitesse du mouilleur des mines. (On peut mouiller jusqu'à la vitesse de 20 nœuds).
- Dragage : La vitesse de dragage des mines est de 12 nœuds.
Les deux camps remettant à l'arbitre la position à la mer de leurs sous-marins : il est minuit.
Les sous-marins britanniques sont positionnés de la pointe Sud-Ouest de la Grèce (Cap Matapan) au Sud-Ouest de l'ile de Crète, en barrage contre un éventuel passage des escadres italiennes. Deux sont en embuscade au large (trop au large !) du port de Tarente. Un dernier surveille au plus près le détroit de Messine.
Les Italiens ont adopté un dispositif plus resserré : 2 submersibles au Nord de Malte. 3 placés devant les ports Sud de la Crète (Sfakia et Melambes). 1 en embuscade entre Malte et la Crète (on verra par la suite que l'idée est bonne).
1e phase : L'arbitre déclenche un mouvement de 3 heures (de 0 à 3 heures)
Le commandement italien fait immédiatement prendre la mer à l'escadre 1égère de Messine : 3 croiseurs lourds + 4 croiseurs légers + 5 destroyers type Da Mosto) partent à 25 nœuds en longeant la côte sicilienne, cap au sud, objectif Malte pour un bombardement éventuel des aérodromes. Les 3 destroyers type Leone patrouillant le détroit de Messine en recherche anti-sous-marine. A minuit appareille également la flotte de Tarente au grand complet (2 cuirassés, 1 croiseur lourd, 3 croiseurs 1égers.7 destroyers). vitesse 25 nœuds, cap au Sud-Est, mission couverture des troupes devant débarquer en Crète. A Naples, la flotte est mise en état d'alerte. L'appareillage étant prévu pour 3 heures du matin.
Pendant ce temps que faisaient les Anglais ?
A minuit, toutes les unités en état d'alerte prennent la mer. Il y a là une armada impressionnante qui silencieusement défile dans la nuit : 2 cuirassés, le porte-avion Formidable, la moitié des croiseurs et des destroyers ancrés dans la rade prennent le large, direction plein Ouest en suivant la côte africaine.
Mais toute cette armada s'alignant sur la vitesse du Warspite ne file qu'à 22 nœuds. C'est là une faute importante commise par les Anglais, car ils n'ont pas un nœud à perdre s'ils veulent pouvoir dès le lever du jour, assurer à la fois la couverture de l'embarquement des troupes et du matériel par l'aviation embarquée et pouvoir récupérer les avions basés à Malte. Tout le reste de l'escadre est immédiatement mis en état d'alerte.
Sur l'aéroport d'Alexandrie les bombardiers sont équipés de bombes de 250 kg. Ils doivent effectuer au jour une mission en coopération avec l'aviation embarquée.
2e Phase : l'arbitre annonce un mouvement de 3 heures (3 à 6 heures).
Durant cette période rien d'important n'a lieu, sur mer. L'escadre italienne de Naples appareille en direction du détroit de Messine et la 2ème flotte d'Alexandrie prend la mer en direction du Nord-Ouest à 23 nœuds ! (Toujours le handicap des vieux cuirassés). Le Barham fait ce qu'il peut... mais il peut peu. A 3 heures, l'escadre légère de Malte a pris la mer, cap au Nord-Est à 32 nœuds (intuition ou réalisme soudain mais un peu tardif de l'Amirauté ?)
Les responsables de l'aviation des deux camps remettent à l'arbitre le détail des mouvements aériens en cours. Et croyez-moi, cette nuit-là il y a vraiment du monde dans les airs !
3e Phase : au lever du jour l'arbitre décide un mouvement d'une heure compte tenu des actions aériennes en cours de déroulement.
Malte
Aux environs de 6 heures le contrôleur aérien de Malte signale des échos sur l'écran du radar annonçant l'approche de deux formations aériennes.
Une vient du Nord (environ 40 appareils), l'autre du Nord-Est, celle-ci moins importante ne comporte que 20 à 25 avions. Simultanément les petits patrouilleurs côtiers envoient un radio précisant qu'ils viennent de repérer de nombreux bâtiments de guerre filant en direction du Nord-Est de l'ile.
L'instant est critique, les Anglais sentent bien qu'ils vont prendre une raclée. Mais le commandement de l'ile décide de faire face. Les 72 Hurricanes décollent immédiatement pour intercepter la formation la moins nombreuse (mais qu'il juge la plus dangereuse). Stéphane et Michel pensent en effet et avec raison, avoir affaire de ce côté, à l'aviation allemande.
Pendant ce temps l'escadrille des 12 Swordfishs torpilleurs prend l'air pour attaquer la force navale repérée près des côtes, afin d'éloigner le danger d'un bombardement possible des terrains d'aviation.
La bataille pour Malte
Il n'a fallu que 5 minutes à nos braves Hurricanes (vitesse ascensionnelle 700 mètres/minute) pour atteindre une altitude leur permettant de dominer leurs adversaires qui eux, volent à 3 000 mètres. Maintenant ils les voient, arrivant dans le soleil, un vol massif serré par escadrille, navigateur en tête. Il y a là 12 Heinkel 111 et 12 JU-88 (les plus dangereux car leur piqué ne pardonne pas). Aussitôt commence la première attaque, fonçant comme des éperviers sur leurs proies, les chasseurs essayent de disloquer la formation ennemie qui répond de toutes ses armes de bord au feu nourri de la chasse britannique.
Pour le premier engagement les pertes sont les suivantes :
- Britanniques : 3 Hurricanes.
- Allemands : 3 JU-88, 3 He-111.
Résultat du 2e combat :
- Britanniques: 2 Hurricanes
- Allemands : aucune perte.
- 8 Swordfishs valeur de combat : 25,6 points.
- 12 CR-42 valeur de combat : 69,6 points.
Alors que les 7 Hurricanes et le seul Swordfish survivant mettent cap au Sud-Est, les bombardiers germano-italiens se regroupent et effectuent un raid massif sur le terrain d'aviation de Malte.
La formation italienne est composée des appareils suivants :
6 Z-501avec chacun 3 BB de 200 kg
12 Z-506 avec chacun 1 BB de 1 000 kg + 2 de 100 kg
12 MC-200 avec chacun 1 BB de 200 kg
10 CR-42 qui ont laissé tomber leurs BB à la mer au moment du combat entre les Swordfishs.
Les bombardiers allemands :
9 JU-88 avec chacun 4 BB de 500 kg sous les ailes
9 HE-l11 avec chacun 8 BB de 250 kg (en soute)
Le bombardement a eu lieu à basse altitude en vol horizontal. Le livret de jeu donne 29 pièces de DCA (ce qui à mon avis est un chiffre bien faible) mitrailleuses comprises. Le nombre d'appareils étant de 58, la proportion s'établit à 0,5 pièces par avion attaquant. Le % de chance de tir au but se situe à 2,5 %. Aucun appareil n'a été touché par la DCA. A base altitude, les chances de toucher une cible immobile de taille 1 sont de 40 %.
La base aérienne de Malte a donc reçu (ordinateur dixit) :
6 BB de 1000Kg
19 BB de 500 Kg
30 BB de 250 Kg
8 BB de 200 Kg
Serge en joueur chevronné avait comme on dit « mis le paquet », le résultat fut à la mesure des moyens employés !
Points de dégâts (Sans commentaires)
La crête
Laissons les bombardiers regagner leurs bases et voyons un peu ce qui se passait sur la Crète à la même heure.
Ayant décollé de nuit de l'aérodrome de Tatoi, 36 D0-17 escortés par 6 ME-110 d'Eleusis atteignent la baie de La Sude vers 6 h 05 du matin.
N'apercevant aucun navire en rade (ils sont partis vers l'Est) les appareils patrouillent toute l'ile, sauf inexplicablement le secteur d'Heraklion (où cependant sont concentrés les moyens de rembarquement les plus importants). Ne trouvant pas d'objectifs navals, ils effectuent un bombardement d'appui des troupes au sol dans la région de La Sude (ce qui était leur mission secondaire) puis, au lieu de regagner leur base, ils mettent le cap sur l'aérodrome de Dema afin d'éviter un n retour de manivelle, lors des opérations de ravitaillement.
Parallèlement, au lever du soleil, décollant des aérodromes de Mycènes, Scarpento et Molaoi, 48 JU-87 escortés de 7 ME 109 de Molaoi arrivent sur l'ile et se regroupent vers 7 heures.
Cependant les 18 JU-87 de Scarpento sont les premiers à trouver un objectif intéressant. En effet vers 6 h 45 ils aperçoivent en mer un convoi non protégé de 6 navires marchands qui, partis en pleine nuit de la zone de Rethimo essaient de passer la pointe Est de la Crète. Ces navires étaient vides, mais représentaient malgré tout un objectif non négligeable.
Et puis, seuls les Anglais savaient qu'ils étaient vides ! Déjà le premier Stuka, celui du chef d'escadrille, a basculé, suivi des 17 autres. L'un derrière l'autre, toutes sirènes hurlantes, ils piquent sur les navires désarmés à 560 km/heure. Les bâtiments britanniques disparaissent dans la fumée, des gerbes d'écume et de fumée noire jaillissent de la mer. Les navires sont touchés les uns après les aunes. En l0 minutes il ne reste plus à la surface de la mer que des épaves fumantes auxquelles s'accrochent des survivants hébétés. Les bombes de 500 kg ont accompli leur tâche de mort.
Cependant que les 30 Stukas de Mycènes et Molaoi sont employés en soutien des paras de la région de La Sude.
La reconnaissance aérienne
A 7 heures l'État-major germano-italien signale à l'arbitre que :
Les 3 Arrados 196 viennent de décoller de Scarpento et peignent la mer au Sud et au Sud-Ouest de Scarpento suivant des routes détaillées et un horaire indiqué sur les calques bleus millimétrés qui sont remis à l'arbitre.
De plus les forces navales italiennes à la mer sont maintenant précédées d'avions embarqués qui viennent d'être catapultés du pont des cuirassés et croiseurs. Ces appareils sont du type RO 43. De plus Serge signale que les opérations de ravitaillement des JU-87 (Stukas) de Scarpento sont couvertes par des chasseurs venus de Grèce (7 ME-109 + 7 ME-110).
Il a pris cette décision car cet aérodrome doit, dans son esprit, constituer un objectif prioritaire pour les Britanniques. Et la suite va lui donner raison !
Le piège de Scarpento
Pendant ce temps que faisaient les Anglais ?
A part leurs erreurs tactiques et surtout stratégiques dont nous reparlerons, ils avaient concocté un plan bien calculé et qui allait s'avérer payant.
Partis de leur base d'Alexandrie ou ayant décollé de leurs porte-avions, une vague composée de : 10 Fulmars, 10 Albacores, 12 Blenheims, 6 Beauforts, 6 Beaufighters foncent vers Scarpento (eh oui l'ami Serge avait prévu le coup mais ne l'avait pas suffisamment paré !).
Le 1er coup avait été porté par les Germano-ltaliens, le second va être le fait des Anglais.
Sitôt arrivés sur l'ile, les appareils britanniques sont engagés par la chasse allemande mais le combat est par trop inégal... Les chasseurs allemands submergés se sacrifient mais sont vaincus, 6 ME-l10 et 5 ME-l09 sont abattus, les Britanniques perdent 2 Fulmars, 2 Albacores et 2 Blenheims.
Les 3 appareils restant aux Allemands s'abattront en mer, victimes de la panne sèche ; car après le bombardement, la base de Scarpento n'a pu les recueillir. C'est donc un total de l4 chasseurs qu'auront perdu les Allemands. Mais cela n'est pas fini car il y a au sol, en train de se ravitailler 18 Stukas.
Un déluge de bombes de tous calibres s'abat sur l'aérodrome de Scarpento. En tout 54 bombes de 250 kg et 48 bombes de 100 kg dont la plupart atteignent l'objectif. Au sol c'est la désolation, les Stukas en cours de ravitaillement brûlent comme des torches, certains déjà munis de leurs bombes explosent, ajoutant à la panique.
Voici indiqués ci-dessous les résultats du raid aérien fournis par mon micro-ordinateur d'après les programmes que je vous indique dans mes articles.
Les 31 points d'évaluation de l'objectif représentent : 9 points de terrain + 18 points d'avions + 4 points pour la DCA.
Ont atteint l'objectif :
23 BB de 250 Kg
22 BB de 100 Kg
Les impacts de :
23 BB de 250 Kg
22 BB de 100 Kg
ont provoqué 23.65 points de dégâts sur l'objectif.
Evaluation de l'objectif : 31 points
Résultat du raid aérien :
13 avions incendiés sur pistes
0 avion détruit dans les hangars
3 points de dégâts DCA
7,65 points de dégâts sur installations.
A 7 h 50 les bombardiers britanniques regagnent leurs bases. L'affaire a été très chaude pour les Allemands : 14 chasseurs et 13 Stukas perdus.
Cependant Serge n'a pas perdu son sang-froid. Dès le début du combat aérien il avait demandé à ses chefs d'escadrille d'identifier les groupes d'appareils engagés par les Anglais.
Apprenant que des avions embarqués participaient au bombardement de Scarpento, Serge prenait deux décisions :
1°) Il faisait décoller une formation d'attaque composée de 12 RE-2000 et de 6 SM-79 (armés chacun de 2 torpilles de 450).
Les 6 avions torpilleurs partis de Naples à 1 h du matin s'étaient posés sur la base de Tatoi. C'est de là qu'ils prennent l'air avec l'ordre de mettre le cap sur Scarpento, puis de filer plein Sud.
Les 12 RE-2400, partis de Messine s'étaient posés à Eleusis après le départ des 12 HE-111 qui participaient au raid sur Malte. Ces chasseurs escortaient les avions torpilleurs, portant les espoirs de Serge de découvrir rapidement le porte-avions anglais.
2°) La deuxième décision du commandement allemand concernait un des 3 Arrados de reconnaissance qui, partis à 7 heures de Scarpento suivaient leur plan de vol. En effet cet appareil se trouvait en ce moment au Sud de l'ile. Il reçut comme instructions de suivre de loin les appareils ennemis monomoteurs (c'est-à-dire les Fulmars et les Albacores). Les Anglais qui n'étaient pas tranquilles faisant rentrer les Fulmars à 450 Km/heure, il n'était pas question pour l'Arrado 196 de pouvoir les suivre ; par contre les Albacores, eux ne volant qu'à 260 Kms/heure se trouvaient exactement dans les possibilités de poursuite du 196 volant à 300 Kms/heure. 0r les Anglais (surtout le porte-avions) se trouvaient être dans une position beaucoup plus vulnérable que ne l'espérait Serge. En effet, il n'y avait plus sur le porte-avions aucune couverture aérienne. Seuls 6 Swordfishs restaient inemployés dans les hangars. Un oubli qui va couter cher. Il y avait à Alexandrie 24 chasseurs (12 Hurricanes et 12 Gladiators).
En début de partie, l'État-major anglais avait indiqué à l'arbitre que tous ces appareils étaient en train de recevoir des crosses d'appontage dont la base possédait un stock important. C'était évidemment dans l'intention de les envoyer renforcer les effectifs aériens du Formidable.
L'arbitre avait estimé qu'il fallait environ 3 heures pour que ce travail relativement peu important pour un arsenal comme Alexandrie, soit effectué. Et puis, dans le feu de l'action et la joie du succès remporté sur l'ile de Scarpento, les Britanniques ont tout simplement oublié de les faire décoller.
Laissons là, l'aviation, et voyons un peu ce qui se passait ailleurs.
En mer à 8 H
Un sous-marin italien qui rechargeait ses accus en surface emplit soudain le périscope d'un commandant de submersible anglais (en plongée périscopique) qui lui, n'en demandait pas tant ! Ceci se passait au Sud-Ouest de la Crète. 2 torpilles lancées à une distance de tir de 800 mètres réglèrent définitivement le sort des Italiens. Serge se demanda pendant longtemps pourquoi ce sous-marin ne répondait plus aux messages qui lui étaient adressés.
Une décision couteuse
Parallèlement à ces événements l'Amiral britannique prend la décision d'envoyer son porte-avions vers le Nord pour recueillir l'aviation embarquée.
Mais il ne le fait escorter que par deux croiseurs ! Le Suffolk et le Southampton. Ce qui, compte tenu de l'absence de couverture aérienne, présente un danger mortel pour le Formidable. En effet les 10 chasseurs Fairey Fulmar rescapés du raid sur Scarpento représentent un groupe insuffisant pour assurer la protection du porte-avions. Pourquoi ne pas le faire escorter par le croiseur anti-aérien et une meute de destroyers ?
Pourquoi, surtout, ne pas faire décoller d'Alexandrie les Hurricanes et les Gladiators. A 500 Km/heure les 12 Hurricanes seraient vite là ! Cette décision incompréhensible va peser lourd sur la suite des événements.
Embarquement à Heraklion
Dans le port de la capitale de l'ile, les Britanniques profitant d'un répit momentané embarquent troupes et matériel sur 4 cargos. Un cargo de 5 000 tonnes avec 1 000 hommes à bord et 3 cargos de 2 000 tonnes emportant chacun 1 000 tonnes de fret. A 1 heures ce petit convoi a appareillé cap à l'Est, sans protection navale ni couverture aérienne, il est certain qu'il n'ira pas loin.
Combat aérien sur Athènes
A la même heure un Sunderland qui survolait Le Pirée signale par radio que le port est vide de tout bâtiment. Les Anglais comprennent vite que le convoi de péniches allemand a pris la mer en direction de la Crète. Le pilote du Sunderland signale que la chasse allemande vient de l'engager.
En effet une patrouille de ME 109 qui couvrait la base de Tatoi vient d’intervenir. En 3 minutes le Sunderland est descendu par les 3 ME-109 qui l’attaquaient.
Un coup de chance !
Aux environs de 1 h, un Arrado 196 en mission de patrouille distingue soudain 3 longs sillages sur la mer. Descendant à 2000 mètres il reconnait un porte-avion escorté de 2 bâtiments importants. Il avertit aussitôt sa base. Le message est bien reçu (pion de loto : 23) mais les croiseurs sont signalés comme étant « un cuirassé et un croiseur lourd ».
Le loto 23 précise à l'arbitre de surévaluer les forces repérées.
Que va décider le commandement germano-italien ?
Comment les Britanniques vont-ils réagir à ce nouveau coup du sort ?
Vous le saurez en lisant le prochain numéro de Casus-Belli.
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